Par: Holly MacKenzie

TORONTO, Ont. (15 mai 2020) – Quand la plupart d’entre nous pense à la vie d’il y a 10 semaines, nous pensons aux journées de travail, à faire les courses ou à aller au bureau de poste, peut-être aller voir ses amis pour regarder un match de basket. Quand Kia Nurse pense à sa vie 10 semaines auparavant, ça à l’air d’être 10 mois, en grande partie parce qu’il y a 10 semaines, elle marquait le panier à trois points de la victoire pour permettre aux Capitals de Camberra de remporter son deuxième titre NBL consécutif.

“Ça semble vraiment très très loin,” a dit Nurse à propos de son tir de fin de partie. “Les jours sont très longs [depuis mon retour au Canada].”

Même si on vit tous la situation étrange d’un confinement soudain qui nous pousse à rester à l’intérieur bien plus fréquemment que d’habitude, le changement a été difficile à gérer en particulier pour les athlètes comme Nurse, qui ont passé toute l’année sur un rythme infernal.

Immédiatement après avoir terminé sa saison WNBA avec les Liberty de New York, Nurse a passé un peu de temps avec l’Équipe Nationale Senior Féminine l’été dernier avant d’aller en Australie pour aller jouer avec les Capitals de Canberra en NBL. Elle est retournée à Edmonton, ville hôte de l’Équipe Nationale Senior Féminine, en novembre pour le Tournoi Féminin FIBA de Pré-Qualification Olympique. Elle s’est ensuite déplacée en Belgique en février à l’occasion du Tournoi Féminin FIBA de Qualification Olympique où elle a aidé Équipe Canada à se qualifier pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020, aujourd’hui reportés. Puis, Nurse est revenue en Australie où elle a terminé sa deuxième saison avec Canberra sur un deuxième titre NBL et elle est devenue la première joueuse étrangère à avoir jamais été désignée MVP NBL.  

Après avoir remporté le championnat, Nurse est retournée au Canada pour rester chez ses parents pendant la pandémie actuelle de coronavirus (COVID-19) alors qu’elle doit gérer la transition d’une vie à toute allure à quelque chose de bien différent.

“Il n’y a pas grand-chose à faire” a dit Nurse. “Je me détends, je fais des exercices, je lis. Parfois il y a des moments bizarres. En ce moment, je pense à aller acheter une maison peu importe le lieu, pour moi. Je n’ai pas vraiment l’habitude d’être chez moi si longtemps et c’est comme si je retournais chez mes parents parce que je n’ai pas de maison ici. C’est bizarre parce que je n’ai pas beaucoup de choses à faire dans ma routine habituelle qui était de me lever, d’aller à la gym, de revenir, d’aller à la gym et d’aller à l’entraînement un peu plus tard. Maintenant, c’est se lever, aller faire des exercices dehors, et je fais ce que je veux du reste de ma journée.”

Même si sa routine a beaucoup changé depuis qu’elle est rentrée chez elle, elle trouve toujours des choses à faire pour s’occuper. En plus de s’exercer tous les jours, Nurse répond à beaucoup d’entrevues pour les médias, et continue son rôle d’analyste et de consultante pour TSN. “J’ai toujours l’impression d’être occupée, j’ai fait énormément d’entrevues, sur Instagram Live, et sur TSN plusieurs fois dans la semaine. J’ai toujours des choses à faire, mais parfois j’ai l’impression de ne rien faire chez moi.”

Alors que bien du temps s’est écoulé depuis son tir victorieux avec les Capitals, Nurse a eu l’occasion de repenser à ce moment, ainsi qu’à ses deux saisons passées en Australie avec l’équipe.

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“Cette expérience de deux ans en Australie était vraiment géniale,” a-t-elle déclaré. “Évidemment, surtout cette année avec l’adversité que l’on a connu en tant qu’équipe, avoir été capable de remporter un championnat, et la manière dont nous l’avons fait, et d’avoir fait une saison comme ça, j’ai trouvé ça super de faire partie d’une équipe comme la nôtre. Nous avons eu des supers leaders. C’était probablement l’une des raisons pour laquelle nous avons réussi de cette manière.

“Je suis vraiment reconnaissante des personnes qui m’ont données une chance en Australie, de mes entraîneurs et de mes coéquipières qui sont devenues de très bonnes amies. Cette expérience a été très enrichissante pour moi.”

Tout comme son temps passé en Australie, le souvenir de son trois points qui a donné le titre à son équipe se bonifie avec le temps.

Le panier à trois points de Nurse est survenu après qu’elle ait été poussée au sol, mais elle a tout de même réussi à conserver la possession du ballon en faisant la passe à sa coéquipière Olivia Epoupa lorsqu’elle était toujours au sol. Lorsque le ballon est revenu vers elle, alors qu’elle était ouverte derrière la ligne des trois points, elle était prête à tirer.

“Je suis toujours plein d’énergie à chaque fois que je marque un panier à trois points,” a dit Nurse en évoquant cette action de match hachée qui s’est terminée par son panier à trois points. “J’étais juste là à attendre qu’elles fassent quelque chose, on peut le voir sur la vidéo, on dirait que je suis désorientée. J’ai réalisé que j’étais bien ouverte et je me suis dit, ‘Celui-ci je dois le tenter, je n’ai jamais été aussi ouverte de tout le match et il ne nous reste qu’une poignée de secondes à jouer, donc autant tirer maintenant.’ Je suis vraiment contente que ce soit rentré.

“Quand j’ai marqué, j’ai crié très fort,” a-t-elle continué. “J’étais gonflée à bloc parce que les spectateurs étaient à fond derrière nous et je me souviens m’être dit qu’il allait peut être défendre maintenant, donc commence à revenir derrière. Ne sois pas celle qui se déconcentre en faisant une célébration. Heureusement, elles ont demandé le temps-mort. Je crois que quand j’ai couru vers le banc j’ai commencé à me calmer.”

Même si sa passion va toujours être sur le terrain, pour savourer des moments comme ça, Nurse aime également son rôle d’analyste sur TSN.

“Je m’amuse beaucoup,” a dit Nurse. “Ça me plait et je m’entends très bien avec les personnes avec qui je travaille. Je crois que j’ai un compris une autre facette du métier après avoir couvert March Madness avec TSN. J’ai le sentiment d’avoir compris. Je comprends les deux côtés, les deux angles.”

Nurse sait que c’est un modèle pour les jeunes joueuses de basket qui grandissent en la regardant. Elle prend cette responsabilité très au sérieux. "Je crois profondément qu’on ne peut pas devenir quelqu’un qu’on ne voit pas," a-t-elle dit. Un moment pendant la dernière saison du tournoi de March Madness l’année dernière quand elle travaillait en tant qu’analyste pour TSN lui a montré qu’elle laisse une forte impression même si elle n’est pas présente sur le court.

“Je trouve ça drôle parce que j’étais à la gym l’année dernière pendant March Madness, pendant la semaine,” a-t-elle dit. “J’ai croisé un groupe de jeunes garçons. Ils se sont retournés et ont dit quelque chose comme, ‘Hey c’est la dame de March Madness.’ Je me suis dit, ‘Ok, ils ne connaissent pas mon nom mais ils me voient à la télé.’ C’était un progrès pour moi. Je me disais, ‘Bon, ils pensent à March Madness, du basket masculin et ils l’associent à une femme qui en parle à la télé. Je pense que c’est une bonne étape de franchie. Je pense que ça permet un point de vue différent”

Bien que Nurse veuille continuer à inspirer les jeunes femmes à jouer au basket, elle veut aussi que les jeunes sachent qu’il y a plus d’une façon d’avoir une carrière dans le basket.

“Du côté des médias, pour les jeunes femmes, si vous faites du sport et que cela vous aide à apprendre de choses, c’est quelque chose que vous pouvez utiliser dans un autre aspect de la vie et être très bonne à ça,” a-t-elle dit. “Je pense que c’est ce que j’ai réussi à faire avec mon rôle à TSN.”

Que ce soit marquer le panier à trois points de la victoire pour donner le titre à son équipe, aider Équipe Canada à se qualifier pour les Jeux olympiques, commenter le basket à la télé ou bien interviewer des personnes sur Instagram Live, Nurse trace son propre chemin. Alors que de plus en plus de personnes commencent à suivre les nombreux aspects de sa carrière, elle espère que le basket féminin va pouvoir bénéficier de toute l’attention qu’il mérite depuis longtemps.

"Pour la prochaine génération de jeunes joueuses de basket qui arrive, pouvoir dire que leur athlète préférée est une femme, quelqu’un de la WNBA ou de l’université, cela montre bien que vous faites la bonne chose pour montrer ce que les gens peuvent être, et ce qu’on peut devenir,” a-t-elle dit.

Pour tous les lecteurs qui n’ont pas encore vu l’Équipe Nationale Senior Féminine Canadienne (Classée No. 4), regardé un match des Liberty de New York ou qui ont besoin de se familiariser avec le jeu de Nurse, tout ce que vous devez savoir est très bien résumé par Nurse :

“Je ne sais pas dunker mais je sais mettre un ballon dans un panier. C’est pareil.”