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Canada basketball

Norman Clarke : un vrai chasseur de rêve canadien

Black History Month

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3/3/2023

« C’était une bonne chose, probablement un de mes plus grands rêves, après celui de fonder une famille. Je l’ai atteint et je suis très fier de ça. Je suis très fier des efforts que j’ai faits, et aussi du fait que je n’ai pas laissé tomber, que je n’ai pas abandonné, malgré les gens qui ne croyaient pas en moi. » 

Faisant partie des joueurs de l’équipe olympique de basketball en 1988 à Séoul en Corée du sud où le Canada a fini à la sixième place, Norman Clarke a réussi à réaliser un rêve qu’il avait en tête depuis l’âge de 12 ans. Mais faisant partie d’une minorité visible, il a dû faire face à des obstacles que tout joueur ayant l’espoir de jouer au basketball de haut niveau doit surmonter. 

Norman Clarke, membre du Temple de la Renommée d’Ontario Basketball, a immigré au Canada en 1968 de la paroisse May Pen de la Jamaïque. C’est quand il a vécu à Toronto qu’il a découvert et plus tard pratiqué le basketball.

« Quand j’avais 12 ans, j’ai regardé le basketball olympique pour la première fois, c’est quelque chose que je ne connaissais pas. Je ne connaissais pas le sport, » a dit Clarke. « Des personnes plus âgées que moi dans le quartier venaient regarder. Quand je leur demandais, ils me disaient « c’est un processus » et j’ai simplement commencé à jouer. Je passais mon temps à m’entraîner tout seul dans la cour de l’école. À la fin, j’ai réalisé mon rêve de participer aux Jeux olympiques. J’ai représenté le Canada. »

Clarke a remporté de nombreux titres sur le terrain lorsqu’il a joué au secondaire pour Oakwood Collegiate Institute, avec notamment un Championnat de la Ville de Toronto, une sélection au sein de l’équipe de basketball provinciale l’Ontario, et plusieurs titres de joueur le plus utile. Grâce à ce parcours qu’on attend d’un athlète de haut niveau, Norm a reçu une bourse pour aller à l’université et poursuivre une carrière, et une vie, de basketball. 

Après avoir été nommé capitaine de l’équipe de l’Université St. Bonaventure en 1984, Norman a débuté sa carrière professionnelle, il est allé en Angleterre et en Irlande, et il a participé à différents tournois de basketball autour du monde. Il a gagné sa place au sein de l’équipe nationale du Canada, des moments difficiles dont il se souvient, et qui n’étaient pas toujours les meilleurs. 

« Quand je repense à cette époque, je me souviens qu’en tant que minorité visible, je ne pouvais pas accéder à certaines opportunités, c’était très dur pour moi. Il y a des personnes importantes dans mon entourage qui étaient réceptives et qui étaient là pour m’aider à réussir, et qui ont tout fait pour que je puisse continuer à réussir. Ces individus, qui n’étaient pas de couleur, de diverses origines et expériences, m’ont beaucoup soutenus, » a déclaré Clarke.

« À l’époque, il était difficile d’intégrer et d’être sélectionné dans l’équipe nationale. J’ai mon avis sur ça : Je pense que la communauté noire de la ville qui avait vu la façon dont j’avais progressé et dont je m’étais développé à ce moment-là, était très déçue et avait clairement exprimé le fait qu’ils pensaient qu’on ne me donnait pas l’opportunité que je méritais d’avoir. Peu importe la façon dont je jouais, peu importe où je jouais, etc, je n’allais jamais avoir l’opportunité que ceux qui venaient de minorités moins visibles avaient. » 

« Beaucoup de personnes dans la ville pensaient à l’époque qu’il fallait créer notre propre équipe nationale puisque qu’il n’y avait pas de couleur dans cette équipe à l’époque pendant de longues années, jusqu’à l’arrivée de Tony Simms, puis de Norman Clarke, » a dit Clarke.

« Il y a des choses qu’on m’a dit qui m’ont choqué… mais je n’ai rien dit. J’ai simplement gardé la bouche fermée, ouvert les yeux, tendu l’oreille, et j’ai avancé et fait tous les efforts possibles pour leur montrer à quel point ils avaient tort. Je n’ai pas laissé cela me démotiver parce que mon rêve était de jouer aux Jeux Olympiques. »

Norman a connu une carrière pro de basketteur à l’étranger très courte puisqu’il a vite réalisé que ce n’était pas pour lui, avant de rentrer au Canada. À son retour, il a décidé de reprendre les études pour devenir professeur d’éducation physique et entraîneur, et a également fondé une famille avec sa femme à Toronto. 

« Je me sentais souvent seul là-bas. On a beaucoup de temps à tuer … et beaucoup de gens font des choses qu’ils ne devraient pas faire, » a dit Clarke. « C’est très beau, c’est un très beau pays, les gens te soutiennent ; ils veulent que tu sois là, ils aiment ta compagnie et ils t’encouragent, ce qui est vraiment bien. Mais à la fin, j’ai dû partir. »

Son amour du basketball n’a pas diminué après qu’il a pris sa retraite de joueur pro. Au début de sa carrière, quand il travaillait à YMCA dans le domaine parcs & loisir, la passion de Norm pour le « coaching » s’est développé, comme il l’a montré quand il est devenu entraîneur-assistant à l’Université Ryerson, et il a également remporté deux titres OFSAA à son école secondaire d’Oakwood Collegiate.

En vrai héros de sa ville, Norm a décidé de se battre contre les problèmes importants que les jeunes racialisés des villes rencontrent : les préjugés, le manque de soutien ou d’opportunités pour poursuivre une carrière de joueur de basketball. Il y a 20 ans, il a créé l’association à but non lucratif Toronto Triple Threat Basketball Club, un programme qu’il a conçu avec d’autres entraîneurs et des membres du personnel de différentes équipes de la communauté pour veiller à ce que les jeunes joueurs issus de communautés marginalisées aient plus d’opportunités.

« Certaines personnes recevaient un traitement préférentiel et je n’aimais pas ça… Je ne pouvais pas rester là et être hypocrite et faire comme si tout allait bien pour la communauté et pour tout le monde, » a déclaré Clarke. « J’ai lancé Triple Threat avec le soutien de mes coéquipiers du secondaire et le soutien des entraîneurs qui m’ont rejoint. Nous n’avions pas d’argent mais nous avons eu des conversations avec plusieurs personnes qui avaient l’expérience et qui ont pu nous obtenir des financements. »

« Grâce à cela, le programme existe depuis une vingtaine d'années. Tout se passe bien et je suis assez content et satisfait du progrès qui a été fait en termes d’interaction entre les différentes cultures ainsi que la diversité des individus qui participent à ce programme. Nous sommes plutôt satisfaits du développement du programme, » a dit Clarke.

Pour Norman, la communauté du basketball, a « sans aucun doute » était essentielle à sa réussite, et a soulagé la douleur du climat raciste qu’il a vécu. 

« La communauté du basketball était composée en grande partie de minorités visibles. Ils étaient dominants, c’était des athlètes qui avaient grandi dans la ville. Il y avait un tournoi qui était organisé, et les gens de Montréal, de Nouvelle-Écosse, et nous y participions. Ça s’appelait le « Black Tournament », c’est comme ça qu’on l’appelait. C’était comme les Maroons. Nous avons joué de très bons matchs. »

« Si la communauté du basketball ne me connaissait pas, et si les minorités visibles ne m’avaient pas soutenu, tout cela aurait été plus difficile. Toutes ces personnes m’ont apprécié et m’ont respecté pour qui j’étais, et pour ce que je faisais sur le terrain. Cela m’a permis de ne pas avoir à subir la plupart du racisme que j’aurais probablement subi et qui est allé ailleur parce que j’étais pas un autre gars noir qui allait devenir une statistique, » a déclaré Clarke. 

« J’ai travaillé dur pour réaliser quelque chose, pour aller quelque part. Sans le basket, je suis sûr que les choses auraient été différentes. J’étais fier de qui j’étais, je me respectais, j’étais content de ce que je réalisais, j’étais fier de mes efforts. On m’avait encouragé pour ça, et les jeunes noirs me regardaient. Le basketball m’a vraiment aidé, sans aucun doute. »

Maintenant qu’il est à la retraite, Norm est toujours en forme, mais il n’a pensé que récemment à revenir sur le terrain pour « toucher un ballon » puisqu’il a été invité à participer à un tournoi master cet été. En ce moment, il passe la plupart de son temps à entretenir sa collection de bandes dessinées et à passer son temps en dehors du bruit de la ville avec sa famille, un autre rêve que Norman a pu accomplir.  

« Ma plus belle réussite a été de m’être marié à la bonne personne et d’avoir eu deux enfants adorables. C’est ma plus belle réussite dans la vie jusqu’ici. Je ne pense pas que quelque chose d’autre dépassera cela. »