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Canada basketball

Du terrain au parlement : le chemin d’Uzoma Asagwara vers Canada Basketball et bien plus encore

Black History Month

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27/2/2023

Uzoma Asagwara a grandi à St. Norbert — un petit quartier de Winnipeg — et jouait au basketball sur un terrain en face de chez elle.

Iel s’entraînait constamment, tirant au panier avec une planche d’un blanc étincellant pour entendre le son du filet dans ses oreilles. Le terrain avait des irrégularités ce qui a donné des égratinures sur ses genoux, comme pour tout basketteur, mais cela n’a pas arrêté Asagwara. Iel prenait continuellement ce chemin, et même s’iel n’avait pas de ballon de basketball, iel l’admet, iel arrivait toujours à en trouver un.

C’était le cas un après-midi d’été. 

Ballon dans les mains, une fille plus âgée du quartier, Jodi, s’approche d’Asagwara, qui va bientôt entrer en classe neuf. Elle est à St. Norbert Collegiate, l’école secondaire qu’Asagwara va rejoindre à l’automne.

« Je te vois jouer au basketball tout le temps, » dit Jodi. « Je pense que tu es très doué(e). Tu devrais jouer au basketball avec nous à l’école. »

Asagwara, nerveuse parce que l’étudiante au secondaire lui parlait, a dit à Jodi qu’iel participerait aux essais et l’a remercié pour le compliment, sans vraiment trop penser à tout cela. 

Durant l’automne, Jodi approche Asagwara de nouveau. Cette fois-ci dans les couloirs blancs et étroits de St. Norbert Collegiate. 

« Je ne t’ai pas oublié. Tu vas participer aux essais pour intégrer l’équipe de basketball de l’école cette année. Ne l’oublie pas, » dit-elle à Asagwara, ne lui laissant aucune autre option.  

Asagwara participe aux essais, impressionne l’entraîneur-chef Dennis Marinelli et intègre l’équipe en tant que première année. 

Dans les années qui suivront, Asagwara a continué de jouer au basketball avec l’équipe de son école et son passe-temps s’est transformé en passion.  

C’est un moment infime dans la longue carrière d’Asagwara qui travaille maintenant en politique, mais qui ressort dans sa jeunesse. « Je me souviens que je regardais la NBA quand j’étais enfant et j’étais collé(e) à l’écran, » a dit Asagwara. « J’ai trouvé beaucoup de beauté et d’excitation dans ce sport. »

Asagwara est deuxième d’une famille de cinq enfants. La famille d’Asagwara, une famille nigériane de première génération, était une des seules familles noires de la communauté à l’époque. Iel décrit une « petite maison très occupée » et une « petite maison dans la prairie » puisque ses parents couraient sans cesse alors que chacun de leurs enfants faisait du sport ou participait à des activités de la communauté. De plus, l’éducation d’Asagwara lui a donné un sentiment fort identitaire en tant que personne noire et que Nigérian(e).

« Il y a eu des obstacles auxquels nous avons dû faire face et auxquels j’ai dû faire face en tant que jeune, c’était dur. Mais le sport était un endroit où je pouvais briller, » a déclaré Asagwara.

Le temps qu’Asagwara a passé à jouer au basketball à St. Norbert lui a finalement donné une bourse complète avec les Wesmen de l'Université de Winnipeg, une opportunité de représenter sa ville et sa communauté.

« C’était incroyable, un peu irréel, » a dit Asagwara à propos du moment où elle a reçu l’offre. « J’étais fier.ère de tout le travail acharné que j’avais fait pendant toutes ces années. Toutes les fois où j’ai dû rassurer mes parents en leur disant que mes efforts allaient payer en valaient la peine. »

« Le moment où je suis entré(e) dans les vestiaires de l’équipe pour la première fois, j’ai eu un sentiment de fierté incroyable. J’ai ressenti beaucoup d’excitation mais aussi de nervosité, » a ajouté Asagwara.

Pendant les cinq saisons passées avec les Wesmen de Winnipeg, Asagwara est devenue l’un(e) des pointeurs.ses les plus dominant.e.s du basketball universitaire canadien. Iel a été deux fois meilleur(e) pointeur.se de la ligue du Sport Canadien Interuniversitaire (SCI), grâce à une moyenne de 28,0 points par rencontre durant la saison 2005-06, soit plus que sa moyenne de 24,5 points par partie la saison précédente (également la meilleure moyenne de la ligue cette saison-là) — et a été élu(e) deux fois meilleur(e) joueur.se canadien(ne). 

« Il était important que toutes les communautés puissent voir cet(te) athlète du Nigéria de première génération bien performer sur le terrain et établir des records, mais aussi représenter le programme en dehors du terrain d’une manière très positive,” a dit Asagwara. « À l’époque, je ne pense pas avoir apprécié combien ce niveau de représentation était important. »

Grâce à ce succès, Asagwara a été contactée par l’équipe nationale senior féminine pour participer à des essais au cours de l’été avant sa dernière saison avec les Wesmen. Cependant, iel n’a pas réussi à passer le premier essai, ce qui s’est avéré être un moment qu’Asagwara a utilisé comme motivation. 

« Ça a allumé une flamme en moi. J’ai décidé qu’il fallait que je m’entraîne différemment, qu’il fallait que je m’entraîne plus dur, qu’il fallait que je sois plus concentré(e) et qu’il fallait que je réfléchisse aux sacrifices que j’allais devoir faire pour passer au niveau supérieur, » a dit Asagwara.

Pendant les séries Canada Ouest lors de sa dernière saison, les entraîneurs de l’équipe nationale observaient les matchs dans les gradins. Après un des match des Wesmen, ils ont de nouveau approché Asagwara.

« Nous aimerions vraiment que tu viennes participer aux essais pour intégrer l’équipe nationale cette année. Nous voyons beaucoup de talent en toi, » ont dit les entraîneurs à l’athlète originaire de Winnipeg. Asagwara a immédiatement accepté.

Asagwara a participé à son deuxième essai l’été suivant, iel a tiré profit au maximum de cette opportunité et a intégré l’équipe. Et c’est ainsi que sa carrière avec l’équipe nationale senior féminine a commencé. 

« Mon parcours était différent de celui des autres joueuses de l’équipe. La plupart des autres athlètes venaient de villes où il y avait des programmes de développement de l’équipe nationale bien établis. Elles avaient en quelque sorte des contacts avec les programmes de développement de l’équipe nationale, alors que je n’en avais aucun, » a déclaré Asagwara. 

Asagwara a représenté le Canada aux Jeux Panaméricains 2007 à Rio De Janeiro au Brésil. Même si l’équipe n’a pas atteint l’objectif qu’elle s’était fixé, finissant le tournoi sur une quatrième place, mettre le chandail du Canada était une expérience inoubliable pour l’athlète de Winnipeg. 

« C’est quelque chose d’incomparable, » a déclaré Asagwara. « C’est un des meilleurs moments et une des meilleures périodes de ma vie. » 

Cependant, après quelques saisons passées avec l’équipe nationale, Asagwara a décidé qu’il était temps de ranger ses baskets et d’arrêter le basketball. 

Peu de temps après, Asagwara a commencé à travailler en tant qu’infirmier.ère psychiatrique, où iel a trouvé un dévouement au système de santé, quittant le terrain sur lequel iel a grandi pour rejoindre le monde de la santé.

« Je pense que le fait d’avoir été athlète de haut niveau pendant la majeure partie de ma vie m’a vraiment préparé et cela m’a donné les outils pour être un.e activiste et défenseur.se constant du domaine de la santé, » a dit Asagwara. 

« Je voulais être le.la meilleur.e infirmier.ère possible. Je me suis dit « Bon, d’accord. Le basketball c’est fini, je vais maintenant mettre toute mon énergie pour être le.la meilleur.e infirmier.ère possible, » » a-t-iel ajouté avec un petit rire. 

Asagwara voyait le monde de la santé comme un endroit où beaucoup de personnes qui ont partagé les mêmes expériences qu’Asagwara ne recevaient pas la qualité de service qu’elles méritaient. Voulant faire partie de la solution, iel a passé ces dernières années à travailler pour atteindre cette qualité.

Son travail et son implication dans le système de la santé l’a amené à découvrir le monde de la politique. Marinelli, son ancien entraîneur de basketball, a annoncé son intention de faire campagne pour être Membre de l’Assemblée Législative (MAL) du gouvernement provincial du Manitoba, faisant de ce moment encore plus spécial qu’il ne l’était déjà. 

« Quand je repense à mon parcours qui m’a permis de devenir membre de l’équipe nationale… c’est un peu la même chose avec mon parcours en politique. Je n’ai pas grandi dans une famille politique et je ne savais ni comment devenir politicien.ne, ni comment s’impliquer au sein d’un parti politique, mais c’était le résultat d’un travail acharné, » a déclaré Asagwara.  

Asagwara a été élu.e en tant que MAL du district électoral Union Station du gouvernement du Manitoba en 2019, représentant le Nouveau Parti démocratique (NPD). Iel était un des trois MAL canadiens noirs élu au Manitoba et la première personne noire queer à remporter un siège.

« Je dirais qu’avoir fait partie de l’équipe nationale est un des plus grands honneurs de ma vie, mais avoir été élu.e est le plus grand honneur de ma vie, » a ajouté Asagwara. 

Maintenant, alors qu’Asagwara utilise ses talents en politique et occupe un siège en tant que membre de l’assemblée législative, iel repense aux moments cruciaux de son parcours au moment où iel écrit un nouveau chapitre de sa vie en dehors du terrain. À chaque étape, iel peut toujours repenser à l’époque où iel jouait sur le terrain en face de sa maison d’enfance à St. Norbert et à son don pour trouver un ballon de basket à chaque fois qu’elle le pouvait.