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Canada basketball

La passion de Sébastien Gauthier pour les règles mène à une carrière d’arbitre de 30 ans

CBOC

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27/4/2022

Sébastien Gauthier a toujours été un leader. Qu’il arbitre des matchs de basketball debout ou de basketball en fauteuil roulant ou bien qu’il anime des cliniques d’arbitres pour aider les jeunes arbitres à apprendre le métier, Gauthier a toujours voulu aider. Bien que sa propre carrière de joueur se soit terminée après qu’il ait refusé une bourse pour jouer au basketball pour finalement suivre une formation de pompier, Gauthier a passé les trente dernières années à soutenir le sport grâce à l’arbitrage et à aider la communauté dans sa carrière de pompier.

« Je pense que les deux professions se complètent, » a dit Gauthier. « Quand vous combattez des incendies, c’est comme être un arbitre. Il faut rester calme, observer des choses qui arrivent très rapidement et veiller à être calme pour sauver des gens. En arbitrage, il faut faire attention à ce que le match soit juste pour les deux équipes et que le match soit sûr pour tout le monde. Je crois que les deux métiers se complètent très bien. »

 

Gauthier considère que sa décision d’avoir refusé cette bourse était l’une des meilleures qu’il a jamais prises parce que cela l’a mené à avoir deux carrières – de pompier et d’arbitre – dont il est tout autant passionné après toutes ces années.

« J’étais un joueur qui attendait beaucoup des arbitres, » a dit Gauthier. « Donc je savais que quand j’ai commencé ma formation d’arbitre, j’avais des attentes et je ne voulais pas décevoir les joueurs et les joueuses et toutes les personnes qui jouaient. »

 

Après avoir débuté par le basketball débout, Gauthier a été invité à essayer l’arbitrage en basketball en fauteuil roulant en 1989. À l’époque, la mère de Gauthier était atteinte de sclérose en plaques et était elle-même dans un fauteuil roulant. Il a immédiatement dit oui à l’invitation et a arbitré son premier match une semaine plus tard. Gauthier avait toujours adoré arbitrer le basketball debout, mais il dit qu’il est tout de suite tombé amoureux de la communauté du basketball en fauteuil roulant.

« Disons les choses comme ça ; si ce n’était pas pour le basketball en fauteuil roulant, je n’arbitrerais probablement pas aujourd’hui, » a dit Gauthier. « J’ai trouvé que c’était le bon équilibre entre l’arbitrage et la façon dont on était perçu dans le sport. Le métier de pompier est très difficile, et quand on doit éteindre des incendies et d’autres choses comme ça, on est bien perçus, contrairement au basketball debout. »

 

En tant que pompier expérimenté, Gauthier apprécie l’esprit de camaraderie qu’il partage avec ses collègues, ainsi que le rapport qu’il a avec les personnes qui font partie de sa communauté. En arbitrage, l’arbitre peut souvent être vu comme « l’autre ». Gauthier a appris qu’en basketball en fauteuil roulant, la perception n’était pas la même.

« Quand on rentre dans le gymnase en basketball en fauteuil roulant, tout le monde vous dit bonjour, c’est plus une atmosphère familiale, » a-t-il dit. « Et c’est pour ça que j’arbitre encore. Sinon, j’aurais probablement été entraîneur, parce que j’ai aussi passé les 12 dernières années à entraîner. »

L’inclusivité et la diversité au sein du basketball en fauteuil roulant a attiré Gauthier depuis le premier jour. Il se souvient avoir travaillé sur les Jeux du Canada de 1995 à Jasper en Alberta, où ll a arbitré Patrick Anderson, qui avait 15 ans à l’époque et qui est maintenant considéré comme un des meilleurs joueurs de basketball en fauteuil roulant de tous les temps. Il y a deux semaines, Gauthier a arbitré la finale des championnats nationaux des clubs pour la ligue canadienne de basketball en fauteuil roulant à Montréal au Québec, lors de laquelle il a arbitré Anderson qui a aujourd’hui 42 ans et il a mené les Tigers de Scarborough à un titre de champion national de Division 1 et a été nommé joueur le plus utile du tournoi.

 

Comme les carrières de joueurs peuvent souvent durer plus longtemps en basketball en fauteuil roulant, les arbitres et les joueurs bâtissent des relations professionnelles plus solides. Pour Gauthier, c’est un privilège de pouvoir arbitrer toute la carrière d’un joueur. C’est en partie la raison pour laquelle il encourage les jeunes officiels à s’impliquer dans le sport dès qu’ils le peuvent.

En plus de son propre travail qui consiste à aider à enseigner aux jeunes arbitres et à les former, Gauthier passe la plupart de son temps en août et en septembre à la tâche peu enviable de traduire tous les matériels et les manuels d’arbitrage pour les arbitres du Québec, afin qu’ils aient accès à tous les changements de règle ou de nouvelles dès que possible.

Travailler comme interprète pour le Québec ces 15 dernières années a permis à Gauthier d’allier sa passion des règles à son désir d’aider la profession.

« Ils savaient que j’avais une passion pour les règles et je veux vraiment que tous mes officiels s’améliorent, » a-t-il dit. « Je pense que cela est dû à l’âge. Quand j’étais un jeune arbitre, j’étais très compétitif et je voulais être meilleur que les autres, par exemple. Mais quand j’ai eu 30 ans, puis 35 ans, j’ai commencé à changer ma philosophie pour essayer d’être meilleur en équipe, plutôt que tout seul. Cela ne me dérangeait pas de ne pas arbitrer la finale, tant qu’on avait arbitré un bon match pour les 10 joueurs sur le terrain. »

Dès que Gauthier a changé son approche, il a également occupé un rôle actif pour recruter de nouveaux arbitres. Il a animé des cliniques au Québec ainsi qu’à l’étranger depuis plus de 20 ans en tant que formateur d’arbitre. Après avoir passé ces deux dernières années à animer ces cliniques en ligne, Gauthier attend patiemment de pouvoir revenir aux leçons en présentiel.

 

En plus de son rôle d’arbitre, d’enseignant, de pompier et d’interprète, Gauthier est aussi un mari et un père de trois enfants. Il remercie aussi la passion de sa famille pour le basket – sa femme a joué professionnellement en Suisse pendant sept ans et ses enfants ont joué aussi – qui l’aide beaucoup malgré son emploi du temps chargé. Lors d’un match récent où il manquait un arbitre, Gauthier a donné à son fils de 15 ans un uniforme et une mini clinique en se rendant au match. Le duo a arbitré son premier match ensemble, un match féminin bantam.

« Après la rencontre, il m’a dit qu’il ne dirait plus jamais rien à un arbitre à l’avenir, » a dit Gauthier en riant.

Bien que sa carrière de joueur se soit terminée en 1989, le monde de l’arbitrage a donné à Gauthier le même sens d’appartenance.

 

« Quand j’ai participé aux Jeux du Canada de Saskatoon en 1989 en tant que joueur, et que je suis allé à la cafétéria, voir tous les athlètes là-bas m’avait donné le même sentiment. J’avais envie de ça. Je voulais revoir ça. Quand j’ai commencé à arbitrer et que je suis allé aux Jeux du Canada en 1995 en tant qu’arbitre de basketball en fauteuil roulant, j’ai ressenti la même chose. Je pense que c’est pour ça que j’ai arbitré pendant toutes ces années, ce sentiment d’être ici pour l’événement principal. »

Pendant une carrière où il a vu le basketball continuer à progresser au Canada, Gauthier a connu beaucoup de faits saillants. Étant donné que l’équipe de basketball en fauteuil roulant du Canada a été dominante pendant la majeure partie de sa carrière, Gauthier n’a jamais été éligible pour arbitrer une finale à chaque fois que son pays jouait. En 2014, le Canada ne s’était pas qualifié pour les championnats du monde masculins de basketball en fauteuil roulant à Incheon, en Corée du Sud, et par conséquent, Gauthier était éligible pour arbitrer la finale.

 

« C’était ma première finale d’un tournoi majeur et c’était super, » a-t-il dit.

La même chose est arrivée aux Jeux Paralympiques d’été de 2016 à Rio de Janeiro au Brésil, ce qui a donné à Gauthier l’opportunité d’arbitrer sa première finale des Jeux Paralympiques.

« À chaque fois que j’entends l’hymne national à un événement international et que je suis debout aux côtés des athlètes qui écoutent leur hymne national, ça me donne beaucoup d’énergie, » a dit Gauthier. « J’en ai encore la chair de poule à chaque match. »