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Canada basketball

Chris Cheng : « Allez dans des endroits peu communs et faites-en des endroits communs »

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18/5/2022

Il y a trois passions qui définissent Chris Cheng. Un amour du basketball, un amour de l’entraînement et un amour de la famille. En tant qu’entraîneur-chef des Lancers de Windsor, Cheng a trouvé un moyen d’allier les trois tous les jours. Depuis qu’il est tombé amoureux de ce sport quand les Raptors de Toronto sont arrivés à Toronto en 1995, Cheng passe sa vie à redonner.

Cheng adorait Damon Stoudemire, qui était un garde de petite taille. Après avoir joué au basket au secondaire, mais réalisant qu’il n’allait pas pouvoir jouer professionnellement, Cheng a commencé à enseigner et à entraîner.

 

« Mon état d’esprit était d’enseigner les valeurs que mes parents nous avaient inculquées, ma sœur et moi, » a dit Cheng. « J’ai appris des valeurs et des leçons de vie en participant à un sport d’équipe et bien sûr, en tant qu’étudiant dans une salle de classe, et mon but était de transmettre ce que j’avais appris. Le seul moyen que je connaissais et qui allait me permettre d’atteindre mon but était l’éducation et le sport. Et c’est comme ça que j’ai commencé, en tant qu’enseignant du système scolaire élémentaire et du système scolaire secondaire. Et j’ai eu la chance de devenir entraîneur à temps-plein au niveau universitaire. »

Cheng entame sa troisième année en tant qu’entraîneur-chef des Lancers. Sa première année avec le programme a coïncidé avec le début de la pandémie. Avant de rejoindre les Lancers, Cheng était le tout premier entraîneur-chef de Nipissing University, à North Bay en Ontario, et a mené l’équipe aux séries OUA alors que l’équipe n’existait que depuis trois saisons. Il a été entraîneur assistant avec York University avant de devenir entraîneur-chef à Nipissing. Il a aussi travaillé à Humber College et avec les équipes jeunes de Canada Basketball dans différents rôles.

 

(Coaching University of Windsor Lancers (OUA / U SPORTS)

(Entraînant les Lancers de l’Université de Windsor (OUA / U SPORTS)

« Un des plus grands honneurs que j’ai connus dans ma carrière d’entraîneur jusqu’ici était de représenter les rouges et blancs, » a dit Cheng. « J’ai été gestionnaire, gestionnaire de l’équipe et gestionnaire du développement des joueurs et j’ai aussi été entraîneur assistant. »

Son CV est aussi solide que celui de n’importe quel de ses collèges. Malgré ses réussites, Cheng a dû faire face à des préjugés préconçus pour recevoir des opportunités que sa réussite avait déjà méritées.

 

(Team Canada at the FIBA U18 Americas Championship 2018)

(Équipe Canada aux championnats des Amériques FIBA U18 2018)

« Au début, c’était difficile d’avoir une opportunité à cause de mon éthnie, » a dit Cheng. « Je pense que ce n’est pas très commun de voir, vous savez, un entraîneur-chef asiatique de 5 pieds 7 pouces sur le banc au niveau universitaire. C’est quelque chose qu’on voit au niveau secondaire, et comme vous le savez, Toronto est une ville très diverse. Je suis Philippin, et il y a des ligues philippines, et on peut voir des entraîneurs et des joueurs philippins qui pratiquent le basket et partagent leur passion. Mais je pense qu’en dehors de ça, ce n’est pas quelque chose de très commun. J’ai réussi à faire ma place mais j’ai aussi eu la chance d’avoir eu à mes côtés des personnes qui m’ont aidé tout au long de mon parcours et qui m’ont donné des opportunités, mais je me suis créé des opportunités moi-même. C’était très difficile quand les gens ne me prenaient pas vraiment au sérieux ou qu’on ne me soutenait pas autant que peut-être une autre personne, j’imagine, plus grande ou d’une couleur de peau différente de la mienne ou même qui a eu une carrière de joueur respectable.

Devoir franchir ces obstacles lui-même a rendu Cheng beaucoup plus déterminé pour servir d’exemple pour les entraîneurs asiatiques en devenir et pour aider à créer un espace pour eux dans le paysage des entraîneurs de basketball.

 

(Cheng (left) at the FIBA U18 Americas Championship 2018)

(Cheng (à gauche) aux Championnats des Amériques FIBA U18 2018)

« Aujourd’hui, j’ai 37 ans et parfois les gens pensent encore que je suis un préparateur physique, » a dit Cheng. « Parfois je me dis, vous savez, que je reviens de loin. Je ne vais pas laisser ce genre de personnes me fermer des portes parce que c’est quelque chose qui me passionne et je sais que je suis bon dans ce que je fais. »

Une des premières opportunités de Cheng sur le banc était d’entraîner Équipe Ontario. Il était un des entraîneurs assistants du programme alors qu’il n’avait que 21 ans, et il est passé entraîneur-chef à seulement 24 ans, menant l’équipe à deux titres nationaux de suite. Cheng travaille aussi en tant que gestionnaire du développement des jeunes pour Canada Basketball. Il a aussi démarré le programme junior varsity à Humber College, et il a été intronisé dans leur Temple de la Renommée.

Pendant le passage de Cheng à Humber, il a travaillé sous la responsabilité de l’entraîneur-chef du programme masculin, Darrell Glenn.

« Je dois ma vie à ce gars, » a dit Cheng. « C’était la première personne de couleur qui m’a enseigné des choses en matière de basketball. Il m’a appris à être un bon entraîneur, et à être un bon mari et à être un bon père parce que c’est ce qu’il faisait quand on travaillait ensemble. J’ai vu ses jeunes enfants et la façon dont il gérait tout ça. Et c’était aussi un enseignant. Donc cela m’a inspiré à devenir un éducateur. Je dois ma vie à cet homme. Nous parlons toutes les semaines et je ne sais pas ce que je ferais si je n’avais pas rencontré cet homme. »

Glenn est actuellement l’entraîneur-chef de l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard. Il est devenu un des partisans et un des mentors les plus proches de Cheng ainsi qu’un de ses meilleurs amis.

 

(Left to Right: Ajay Sharma, Shawn Collins, James DePoe, Darrell Glenn & Chris Cheng)

(De gauche à droite : Ajay Sharma, Shawn Collins, James DePoe, Darrell Glenn & Chris Cheng)

« Il m’a donné une opportunité de démarrer [le programme junior varsity à Humber] et l’administration là-bas m’a beaucoup soutenu, » a dit Cheng. « Beaucoup d’athlètes étaient soit plus vieux que moi soit du même âge. Mais cela m’a donné l’opportunité de me trouver et de développer ma philosophie d’entraîneur et d’essayer des choses et d’imiter des choses que j’ai vu des entraîneurs qui m’ont enseigné des choses. »

Pendant son passage au programme junior varsity à Humber, ainsi que pendant ses toutes premières saisons avec Nipissing, Cheng a parfois dû avoir affaire aux entraîneurs des équipes adverses, ainsi qu’aux parents des recrues potentielles, qui ont questionné ses connaissances et sa capacité à entraîner parce qu’il ne rentrait pas dans le moule de ce qu’attendait les gens en matière d’entraîneur.

 

(Cheng with as head coach with Humber College Men's Basketball Team)

(Cheng en tant qu’entraîneur-chef de l’équipe masculine de basketball d’Humber College)

« Si je devais me focaliser sur ces énergies négatives, ces choses toxiques qui ont été dites sur moi, je commencerais à être blasé, » dit Cheng. « Et ceux qui croient en moi ? Comme par exemple mes athlètes-édudiants, mon administration qui m’a embauché, les entraîneurs qui veulent travailler avec moi et qui croient en moi et qui croient en ma vision, c’est à eux que je consacre mon énergie. Et c’est pour ça que je reste engagé. Parce que si vous croyez en moi, pourquoi devrais-je gâcher du temps à me sentir blasé à cause de choses qu’on dit sur moi ? »

« Je sais que je travaille dans un secteur où il va y avoir beaucoup de succès et de moments heureux, mais aussi beaucoup d’échecs et de déceptions, » a continué Cheng. « Je dois avoir de l’endurance pour ces individus qui croient en moi et qui croient en ma vision et qui viennent à Windsor à cause de moi. Ils méritent d’avoir mon attention. »

La présence de Cheng sur le banc aide à changer l’idée qu’on peut se faire d’un entraîneur-chef. Même s’il essaie de ne pas passer trop de temps à penser à ce qui se passe autour, et qu’il se concentre plutôt sur les matchs à venir pour son équipe ainsi qu’à bâtir une identité et une culture d’équipe à succès, Cheng est conscient de ça.

« Je n’ai pas laissé d’autres personnes me dire que je ne pourrai pas réussir, » a dit Cheng. « Les parents me disent,  ‘Ouah, c’est super que vous soyez un entraîneur-chef philippin, c’est cool.’ Je n’y pense pas vraiment, mais je sais qu’il faut que je sois plus conscient de ça. Je pense que ça peut ouvrir des portes. Je veux ouvrir des portes pour que la communauté asiatique puisse dire, regardez, vous savez, vous pouvez tout faire. Il ne s’agit pas que de sport. Allez dans des endroits peu communs et faites-en des endroits communs. »

 

(Cheng with members of Team Canada coaching staff)

(Cheng avec les membres du personnel d’entraînement d’Équipe Canada)

L’entraînement et la pédagogie continuent d’aller de pair pour Cheng, qui fait des cours deux fois par semaine à Windsor dans le but de finir son programme de mastère pour recevoir son Masters en Management du Sport.

« Je sors de classe et plusieurs de mes joueurs rentrent dans la salle de classe après moi pour aller en cours, » a dit Cheng. « Je fréquente le même couloir que mes athlètes et mes entraîneurs en leur disant, ‘bon cours.’ »

Même si Cheng a prouvé qu’il était un excellent recruteur pour ses équipes de basketball, il dit que le meilleur recrutement qu’il a fait est hors du terrain, en parlant de sa femme, Siobhan.

« C’est mon rocher, » a dit Cheng. « C’est le rocher de notre famille. Je ne pourrais jamais faire toutes les choses que j’ai accomplies jusqu’ici sans son soutien, sans tout son amour. Elle est franche avec moi. Elle est tout pour moi. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle. C’est ma meilleure amie. C’est ma supportrice numéro un. »

 

(Chris and Siobhan Cheng and their children Tyus, Taia and Ryan)

(Chris et Siobhan Cheng et leurs enfants Tyus, Taia et Ryan)

Les deux sont maintenant parents d’un fils et de deux filles, mais parfois c’est comme s’il y avait plus de trois enfants dans la maison des Cheng. Il arrive parfois que les joueurs de Cheng viennent pour souper ou juste pour décompresser après une longue semaine d’école et de basketball. Cheng et sa femme se sont toujours mis d’accord sur le fait que leur maison aurait toujours une chambre supplémentaire pour les joueurs qui auraient besoin d’un endroit pour dormir.

« Si l’un d’entre eux veut partir de sa maison, il peut toujours rester chez entraîneur Cheng, » a-t-il dit. « Ma femme aide aussi ces joueurs. Elle apprend à certains de ces joueurs à cuisiner, à faire les courses, à utiliser des applis pour économiser de l’argent [dans la préparation des repas]. »

Les joueurs de Cheng sont toujours la bienvenue parce que pour lui et pour sa femme, ils font partie de la famille. Les deux se sont mariés juste après que Cheng a entraîné Équipe Ontario et la liste des invités pour le mariage comprenait des noms familiers. »

 

(Left to Right: Grant Mullins, Chris Cheng, Kevin Pangos)

(de gauche à droite : Grant Mullins, Chris Cheng, Kevin Pangos)

« RJ Barrett, qui avait 12 ans, est venu à mon mariage, » a dit Cheng en riant. « MiKyle McIntosh, Marcus Carr, tous ces joueurs qui avaient représenté l’équipe nationale, parce que j’étais leur entraîneur dans le programme jeunes et Équipe Ontario. Je vois toujours les équipes que j’ai entraînées comme des membres de ma famille. »

Le rire de Cheng est contagieux alors qu’il se souvient que ses joueurs avaient demandé le micro et qu’ils avaient parlé pendant presque 20 minutes de leur entraîneur devant les invités lors de la réception.

« Ils ont tous parlé et dit, ‘Entraîneur, tu sais, nous sommes à ton mariage et on te connaissait avant que tu te maries. Tu nous as entraînés depuis qu’on est petits. Et maintenant nous sommes là pour te célébrer,’ » a dit Cheng.

« C’est quand on vit des moments comme ça qu’on se dit, c’est pour ça que je fais ce que je fais. »