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Tel père, tel fils : l’arbitre des Jeux olympiques Michael Weiland partage sa réussite extraordinaire avec son père John

CBOC

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1/10/2021

Quand le ballon s’est levé lors de la finale du tournoi masculin de basketball des Jeux olympiques de Tokyo 2020 entre les États-Unis et la France, il serait logique de penser que tous les yeux étaient rivés sur Bam Adebayo et Rudy Gobert au milieu du terrain. Même si c’était certainement le cas pour presque toute l’audience qui regardait le match à la maison, pour John et Heather Weiland, qui regardaient la rencontre en direct de Calgary, Alberta, Canada, les joueurs étaient moins importants que l’arbitre de la partie Michael Weiland, leur fils.

Être choisi pour arbitrer les Jeux olympiques est un honneur pour tout arbitre. Avoir le feu vert pour arbitrer la finale entre les meilleurs athlètes au monde est comme le sommet du sommet de la montagne. C’est un accomplissement qui a demandé énormément d’années de travail pour Michael et ses collègues. Contrairement à ses collègues arbitres, cette sélection a fait de Michael le deuxième membre de sa famille à arbitrer aux Jeux olympiques, rejoignant ainsi son père John qui a participé aux Jeux olympiques de Séoul en 1988.  

« Je pense que c’est un honneur incroyable, » a dit Michael. « Et cela veut dire beaucoup, et certainement pour notre famille ainsi que pour les personnes qui nous ont aidées au cours de notre carrière. »

Même si John et Heather n’ont pas pu aller à Tokyo pour assister aux Jeux olympiques en personne à cause de la pandémie de coronavirus, ils étaient des spectateurs actifs à la maison, et ils ont regardé tous les matchs de Michael et communiquaient avec lui après.

John a été intronisé au temple de la renommée du basketball canadien en 2019 après une carrière d’arbitre international qui a duré près de 20 ans. Avoir l’opportunité de voir la carrière de Michael s’épanouir vaut bien toutes les longues veillées et les lever très tôt le matin quand on veut suivre les Jeux olympiques de loin. Pour ce qui est de la finale mentionnée ci-dessus, John et Heather l’ont regardé à la maison avec des amis pour soutenir leur fils.

« C’était très excitant, » a dit Heather. « Ça me stresse beaucoup, ce qui est ridicule. C’était pareil quand John et moi nous sommes rencontrés et que nous avons commencé à sortir ensemble. Je devrais le savoir maintenant, qu’ils sont tous les deux des pros, mais ça me stresse toujours. J’ai failli dire à John, ’Regardons le match tous les deux’, mais nous avons invité trois ou quatre amis arbitres et la femme de Michael était avec nous et la sœur de Michael et son mari. On était entourés de notre famille et de nos amis, tous passionnés d’arbitrage. »

«  Il n’y a rien de mieux pour John que de voir son fils arbitrer, » a-t-elle continué. « Peu importe le jour ou l’heure. »

La carrière de John a presque commencé par accident. Après avoir joué au basketball au secondaire et au niveau universitaire à l’Université de Calgary, c’était une dispute avec un arbitre qui a tout déclenché. Quand un arbitre a sifflé un marcher et que John s’est disputé avec lui sur la décision, les graines étaient plantées. «  Je lui ai un peu aboyé dessus, » a dit John en riant. « Et au lieu de me donner une faute technique, il m’a dit, ‘John, si tu es si bon pour faire des jugements, et que tu sais ce qu’il se passe, pourquoi ne deviens-tu pas arbitre ?’ Et j’ai dit, ‘Tu sais, je pense que je vais essayer ça.’ Et j’ai commencé ma formation et ça m’a plu. J’étais fait pour ça. »

Pendant plus de 20 ans, John a arbitré des tournois internationaux. Après avoir arbitré les championnats d’Europe, les Jeux Panaméricains, (notamment une finale de 1983 avec Michael Jordan) et les tournois FIBA de qualification olympique, arbitrer aux Jeux olympiques de Séoul est ce dont il se souvient le plus.

Ayant grandi en regardant la carrière de son père – « Michael allait aux matchs quand il avait huit mois, » a dit Heather – devenir arbitre était quelque chose de naturel pour le jeune Weiland. Michael est devenu passionné rapidement, travaillant en tant qu’arbitre de basketball et de hockey junior, mais le basketball l’a rapidement emporté parce que Michael n’aimait pas avoir les mains froides quand il était dans les arènes de hockey.

« Je ne sais pas si c’est dans les gènes, » a dit Michael. « Je pense que c’est quelque chose de la vie. Quand on est sur le terrain et qu’on a un moment, que ce soit un appel ou que ça arrive avant le match ou après le match, j’ai ressenti ces frissons. »

Alors que son père est maintenant à la retraite, mais qu’il continue à être impliqué dans le basketball au Canada en jouant le rôle de mentor et en évaluant les jeunes arbitres, Michael poursuit l’héritage de la famille Weiland tout en profitant de chaque instant. « J’ai vraiment beaucoup de chance de l’avoir comme mentor,” a dit Michael de son père. « Pour quelqu’un qui a guidé ma carrière, il sait tout. C’est un des meilleurs instructeurs que le Canada n’ait jamais vu, à la fois en tant qu’arbitre sur le terrain et formateur en dehors du terrain quand il participe à des camps qu’il dirige ou que je dirige ou que notre bureau national dirige. »

Pour Michael, la personnalité de son père et sa volonté d’enseigner et d’aider sont des qualités qui ont rendu sa carrière si prospère.

« Les gens gravitent autour de lui, » a dit Michael. « Maintenant, on peut aller dans un gymnase, sentir l’énergie autour des arbitres, la façon dont ils interagissent, mais à un moment, il va voir une action et donner une perspective qui n’est pas la perspective normale. Tout le monde peut suivre les règles. C’est plutôt facile maintenant. Mais il va vous donner cette touche supplémentaire qui est différente et ça fonctionne. Pour avoir connu ça., je peux dire que ça m’a énormément aidé à progresser, mais c’est aussi quelque chose que je peux transmettre. »

Michael est trop humble pour admettre qu’il possède ces mêmes traits. En parlant au père et au fils, on comprend tout de suite qu’ils ont un respect profond l’un pour l’autre et une appréciation pour leur profession et le basketball. Les deux hommes donnent volontiers de leur temps quand c’est au service de leur profession.

« Quand on est au milieu du terrain, qu’on attend et qu’on entend la foule, qu’on écoute les hymnes nationaux. C’est excitant, » a dit John. « Quand je dis que ça me plaisait, c’est une des choses qui me plaisait, cette excitation d’avant-match. Les rencontres internationales étaient remplies d’émotions. À mon époque, il y avait beaucoup, beaucoup d’émotions. »

Le terrain de basketball est comme une deuxième maison pour les Weiland. Pendant toute la durée de la carrière de Michael, John et Heather sont là, que ce soit en tribune ou chez eux à regarder la rencontre en direct à la télé. Michael a rencontré sa femme, Erica, quand elle travaillait en tant qu’arbitre. John prête attention à chaque match, chaque décision et chaque résultat critiquant silencieusement l’action jusqu’à ce qu’il puisse débriefer avec son fils après.

« Il me donne encore des notes après chaque match, » a dit Michael.

La fierté que John a quand il parle des accomplissements de Michael est du même niveau que celle d’Heather quand elle parle de l’intronisation de John au temple de la renommée du basketball canadien en 2019.  « Quand John était au temple de la renommée du basketball canadien, c’était quelque chose d’inimaginable, » a-t-elle dit. « Il n’avait aucune attente par rapport à tout ça et c’était un honneur incroyable pour lui. Et Michael qui arbitre aux Jeux olympiques, c’est vraiment super. Je suis si fière du travail acharné qu’il a fourni et de la ténacité dont il a fait preuve pour en arriver là. Nous sommes vraiment contents. »

Heather n’était pas une partisanne de basketball quand elle a rencontré John pour la première fois, mais elle en est une maintenant. Elle ne comprend toujours pas pourquoi on peut décider de devenir un arbitre de sport, une profession qui en général n’est pas très bien reconnue et où au moins une des deux équipes n’est pas satisfaite de vous.

« C’est un rôle humble, mais très important, » a-t-elle dit. «  Je ne sais pas pourquoi certaines personnes font ça. Je n’imaginerais pas faire quelque chose comme ça. »

Pour elle, une chose qui a aidé John et Michael dans leur carrière est une compréhension concrète de ce qui est important dans leur rôle quand ils sont sur le terrain.  

«  Ils n’ont vraiment pas d’égo sur le terrain, » a dit Heather. « C’est le jeu, c’est le travail, nous sommes tous ici pour faire du mieux que l’on peut. Je suis très fière de tous les deux. Je les aime énormément. »

Même si ce n’était pas l’expérience olympique traditionnelle que Michael avait l’habitude de voir à la télé, c’était la sienne. Il a maintenant une nouvelle expérience à partager avec son père dans leur parcours de carrière similaire mais individuel.

« Recevoir ce dernier appel [pour arbitrer la finale des Jeux olympiques], je pouvais enfin respirer et me sentir bien après avoir travaillé longtemps pour en arriver là, » a dit Michael. « En tant qu’arbitres, nous n’avons pas souvent cette opportunité parce qu’on est sur une île à faire un travail unique et qu’il y a toujours le match suivant en ligne de mire. »

« J’ai pu appeler mes parents et leur dire, » a-t-il dit. « C’était vraiment une super expérience. Ma mère et mon père étaient là, ma sœur était aussi chez mes parents à ce moment-là. C’était un très bon sentiment d’un point de vue personnel, parce que je me suis dit, OK, tu as accompli quelque chose de très très cool. Et surtout, la rencontre s’est très bien déroulée. Nous n’avons eu aucun problème. Et tout le groupe a fait du bon boulot je pense. »

Au-delà des joueurs et des entraîneurs canadiens qui montent dans les rangs du basketball professionnel, les arbitres canadiens commencent aussi à prendre leurs marques. Michael faisait partie des trois arbitres canadiens à travailler aux Jeux olympiques de Tokyo. Aussi fier qu’il était de sa propre expérience, pouvoir la partager avec ses collègues canadiens était encore plus spécial.

«  Il y avait trois arbitres canadiens [il est rare d’en avoir trois aux Jeux olympiques]. Donc le fait d’en avoir trois, mes collègues Maripier [MP] Malo et Matthew Kallio, ainsi que Nadine Crowley en tant qu’instructrice arbitre FIBA, c’était un bon jour pour l’arbitrage canadien. C’était quelque chose de vraiment remarquable. Leur succès était incroyable tout comme le mien. MP a arbitré la finale du tournoi féminin et Matt a arbitré le match pour la troisième place du tournoi masculin. C’était incroyable d’avoir tous les trois participé aux Jeux olympiques et d’avoir arbitré des rencontres très importantes tout au long du tournoi. »

Même si Michael sait qu’il suffit d’appeler son père pour avoir ses conseils, il dit que la communauté des arbitres de basketball au Canada est extrêmement proche et que tout le monde se soutient. « Nous avons un groupe d’arbitres dans les provinces avec qui nous travaillons et que nous conseillons, » a-t-il dit. « Je crois que c’est une des raisons pour laquelle nous avons vu beaucoup de prouesses au niveau international. »

Une chose que ces Jeux olympiques extraordinaires ont apporté a été une opportunité de réflexion qui ne fait pas partie du travail quotidien. Pour Michael, cela voulait dire penser à tous ceux qui l’ont aidé dans son parcours.

« D’un point de vue national, en termes de basketball au Canada, il y a beaucoup de personnes qui m’ont aidé et qui ont aidé mon père au cours de notre carrière respective. Je pense que c’est un honneur incroyable [de partager cela avec lui]. Cela veut dire beaucoup, et certainement au sein de notre famille et pour les gens, comme je l’ai dit, qui nous ont aidés au cours de notre carrière. »

Malgré la distance, et le décalage horaire important, Michael savait que ses parents continueraient de le regarder.

« C’était super de savoir qu’ils regardent les matchs chez eux, » a dit Michael. « Que je peux leur donner de la joie, parce que c’est toujours difficile de rendre à ses parents, et avoir l’opportunité de faire ça est vraiment spécial. »

À la fin, regarder seulement les matchs n’était pas suffisant pour John. Il était tellement content de voir le plus grand accomplissement de son fils à ce jour que des vues supplémentaires étaient nécessaires.

« John a probablement regardé chacun de ces matchs 10 ou 15 fois, » a dit Heather. « C’est un vrai passionné d’arbitrage de basketball. Michael, c’est dans son sang. Réussir à ce niveau est quelque chose de vraiment extraordinaire. »