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STEWART GRANGER : LE PREMIER CANADIEN NOIR À AVOIR ÉTÉ REPÊCHÉ EN NBA

Anciens

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16/2/2021

Si le nom Stewart Granger ne vous dit rien, et bien il devrait. 

Il a été trois fois meilleur joueur de la All-Big East pendant son passage à l’Université de Villanova. 

Il était membre de l’Équipe Nationale du Canada et a représenté son pays lors des Championnats du Monde de 1982 et 1990. 

Granger a également été repêché à la 24ème position du Repêchage NBA de 1983, un repêchage qui comptait beaucoup de talents, dont les membres du Temple de la Renommée Ralph Sampson et Clyde Drexler — ainsi que les Canadiens Leo Rautins et Ron Crevier. Granger a passé trois saisons en NBA et quelques années au sein de la Ligue Américaine de Basketball (USBL), aux Philippines et en Suède.

C’était un des Canadiens les plus talentueux sur un terrain de basket, dans une période où beaucoup de Canadiens essayer de percer. Stewart Granger faisait partie de ces joueurs-là, mais c’était avant tout un pionnier.

Granger détient la distinction d’être le premier Canadien noir à avoir été repêché en NBA — une distinction qui peut aujourd’hui paraître banale. Chaque soir en NBA, on peut regarder un match et voir plusieurs Canadiens sur le terrain — dont de nombreux Canadiens noirs.

Mais dans l’ère de Granger ce n’était pas le cas. Très peu de Canadiens réussissaient à faire partie de la ligue et aucun d’entre eux avant Granger n’était noir.

L’héritage de Granger est peut-être perdu au sein de la génération actuelle de joueurs et de partisans, mais son nom était important pour la génération de joueurs qui l’a suivi juste après. 

Lorsque les membres du Temple de la Renommée du Basketball Canadien Leo Rautins, Mike Smrek et Bill Wennington battaient les records pour le pays, Granger faisait aussi partie de la vague.

Alors que Rautins et Smrek ont passé leurs années de secondaire au Canada, Wennington et Granger ont passé leurs années de formation au basketball dans l’État de New York. Alors que Wennington a finalement choisi l’Université locale St. John’s, Granger a décidé d’aller à Villanova. 

L’ancien membre de l’Équipe Nationale Dwight Walton se souvient d’avoir entendu parler des prouesses de Granger et il a commencé à croire que si cela était arrivé à un autre Montréalais, alors il pouvait le faire lui aussi.

“J’ai vu que Stu était de Montréal, et qu’il avait été élevé à New York, mais il jouait aussi avec l’Université Villanova,” a dit Walton. "Pour moi, et surtout à l’époque, jouer aux États-Unis, jouer dans une université de Division I, c’était une grosse affaire." 

“C’était tellement important que si tu allais dans une université de Division I, à mon époque, tu devais tenir une conférence de presse pour faire l’annonce parce que c’était une expérience tellement inhabituelle et unique.”

Même si ceux qui ont entendu parler de lui ne l’ont jamais oublié, le voir jouer était encore autre chose. Joueur de 6 pieds 3 pouces et 190 lbs, Granger était un compétiteur talentueux, robuste et déterminé, et Granger a dû être solide lorsqu’il jouait au secondaire à New York, puis dans la rugueuse Conférence Big East – non seulement pour gagner le respect, mais aussi pour exceller. 

Lors de son passage à Villanova, Granger faisait partie du cinq de départ durant les trois années et était le meilleur passeur de l’équipe pendant trois saisons de suite. Il a aidé les Wildcats à remporter deux titres de saisons régulières de suite au sein de la Conférence Big Est lors de ses années de junior et de senior. Non seulement il était assez talentueux pour avoir été sélectionné lors du premier tour du Repêchage NBA, mais aussi pour représenter le Canada sur la scène internationale. 

La percée de Granger en NBA était considérable pour les Canadiens noirs tout comme l’était son parcours en Équipe Nationale. En ce temps-là, peu de Canadiens noirs jouaient pour Équipe Canada et Granger faisait partie de ceux-là. 

Ron Crevier, un coéquipier de Granger avec Équipe Canada, se souvient de la première fois qu’il est venu au camp.

"J’ai eu la chance d’être sélectionné dans l’Équipe Nationale, je crois que c’était en 1980, et Stu a rejoint le camp d’entraînement environ un an plus tard," a dit Crevier. "Il y avait Doc Ryan, et [Stu] et je crois que Tony Simms a intégré l’Équipe Nationale un peu plus tard, dont à un moment, Stu était le seul joueur noir du camp à passer le premier tri. C’est lui qui est resté.” 

Seul Francophone de l’équipe, Crevier comprenait ce que c’était d’être différent de ses coéquipiers et le duo s’est rapproché grâce à leurs similitudes et malgré leurs différences.  

“On s’est très bien entendus, j’aimais beaucoup ce gars,” a-t-il dit. “Il était robuste. Il était super talentueux, il donnait tout sur le terrain.”

Crevier pense que Granger doit être un nom connu. Un nom qui doit être célébré dans l’histoire du sport canadien pour les portes qu’il a ouvertes pour les autres joueurs de basketball canadiens noirs. 

"On ne peut pas oublier un gars comme ça," a dit Crevier. "Ce sont les premières portes qui ont été ouvertes pour les autres. C’est comme les bases d’une fondation. C’est le premier, il doit être célébré avec le reste des gars." 

L’impact de Granger sur le sport au Canada peut passer inaperçu mais ce ne serait pas lui faire justice. Entre ses contributions au sport, avoir franchi des barrières et être une source de motivation pour la future génération de joueurs, tout cela doit être célébré — pas seulement en février mais aussi toute l’année. 

Depuis, beaucoup de Canadiens noirs ont représenté le Canada lors de nombreux tournois et beaucoup d’entre eux jouent maintenant en NBA tous les soirs. Ils continuent d’aider à écrire l’histoire du basketball canadien page après page, chapitre après chapitre. La réalité est dure, mais le chapitre sur Stewart Granger dans les livres d’histoire du sport canadien doit commencer avant les autres. 

Personne ne saura vraiment quel aura été le fardeau que Granger a dû porter parce qu’il était le premier, mais ce que nous savons, c’est que ceux qui sont arrivés après lui ont connu un parcours plus facile grâce à lui.