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Canada basketball

Il y a soixante ans, Barry Howson écrivait une page de l’histoire du basketball canadien

Black History Month

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22/2/2024

Lors des Jeux olympiques de 1964, il y avait beaucoup de premières, le Japon est devenu le premier pays en Asie à accueillir les Jeux olympiques, le volleyball est devenu le premier sport auquel les équipes féminines pouvaient participer, et le judo faisait sa première apparition aux Jeux olympiques. Parmi ces premières, il y en avait une d’importance pour le Canada. 

Au pic du mouvement pour les droits civiques en Amérique du Nord, Barry Howson -- de London en Ontario -- est devenu la première personne noir à jouer au basketball pour le Canada aux Jeux olympiques.

Le contexte du mouvement pour les droits civiques est important car la majeure partie du parcours de Howson vers les Jeux olympiques a été influencée par les actions de sa mère, Christine Jenkins, qui a joué un rôle important dans le combat pour le droit des Noirs en Amérique du nord.

« Ma mère était une femme incroyable, » a dit Howson. « Elle a eu neuf enfants, huit de son premier mari James Jenkins. Elle nous a non seulement élevé pour nous permettre de réussir, mais elle a également soutenu la communauté noire de London et de tout le Canada. »

Christine Jenkins et son premier mari, James Jenkins, ont cofondé le Dawn of Tomorrow, un journal pionnier pour les lecteurs noirs. Ce journal a été publié à London en Ontario et était destiné aux communautés noires du sud de l’Ontario.

« C’était le premier journal noir de London et il avait été créé pour soutenir les Noirs qui venaient au sud de l’Ontario en passant par le chemin de fer souterrain, » a expliqué Howson.

Le journal parlait des célébrités noires, des annonces de mariages, des notes sociales, de poèmes inspirants et de l’activisme des droits civiques. Un des premiers articles apparus dans le journal était à propos d’un restaurant de London qui refusait de servir les clients noirs. 

Le Dawn of Tomorrow était un élément important de la communauté noire de l’époque, mais en 1931, pendant la grande dépression, le journal a failli ne plus jamais paraître à cause d’une maladie inopinée.

« M. Jenkins avait l’appendicite, » a dit Howson. « Selon ma famille, ils l’avaient emmené dans une clinique un vendredi soir, et quand ils ont frappé à la porte, le docteur qui était là semblait ivre. La clinique l’a accueilli et son appendice a explosé et James Jenkins est décédé. Ma mère était au début de sa trentaine, elle avait huit enfants, qu’est-ce qu’elle allait faire ? Comment allait-elle nourrir ses enfants ? »

Déterminée à prendre soin de sa famille et à aider la communauté noire, la mère d’Howson a décidé de continuer à publier le journal. Avec l’aide de sa famille, le Dawn of Tomorrow a survécu quarante années supplémentaires à vendre les histoires et à partager les réussites des communautés noires à travers le Canada.

La détermination, l’éthique de travail, les valeurs familiales et le dévouement envers sa communauté de Christine Jenkins sont les qualités et les traits de personnalités qu’elle a enseigné à ses enfants et qui les ont tous aidé à réussir à leur manière.

Et ce sont les mêmes valeurs qui ont aidé Howson tout au long de sa vie.

« J’ai travaillé dur dans tout ce que j’ai fait, » a dit Howson. « Je ne connaissais pas d’autre façon d’y arriver. »

Barry était bon au baseball et en athlétisme, mais c’était au basketball qu’il était le plus doué. D’un jeune homme qui a grandi à London à représenter le Canada aux Jeux olympiques de 1964, le parcours d’Howson n’a pas été facile mais il était plein de détermination.

« Sur les terrains de jeu de London quand j’étais petit, on jouait à un jeu de basketball qui s’appelle 21. Si tu marquais derrière la ligne des lancers francs, tu avais trois points. Si tu avais manqué ton tir et que le ballon rebondissait sur le sol, il fallait l’attraper avant le deuxième rebond. Il fallait ensuite tirer d’où on était. Si on marquait, on avait un point. C’était difficile de marquer à l’extérieur car il n’y avait pas de panier, mais nous y jouions pendant des heures. »

Pour être meilleur en basketball, Barry a fait un panier grâce à un tonneau à vin et l’a accroché à la maison pour s’entraîner à tirer en tout temps.

En classe huit, l’équipe de son école avait remporté le championnat de la ville, et pourtant, il n’a pas réussi à intégrer l'équipe de basketball en classe neuf.

« À ce moment-là, j’avais l’impression d’être en forme parce que j’étais très mince, » raconte Howson. « Je pesais 98 livres mais je pouvais courir comme un lièvre. »

Howson reconnaît que cette équipe était composée de beaucoup de joueurs qui étaient de retour dans l’équipe qui venait de remporter un championnat. Au lieu de baisser les bras, il a décidé de travailler plus dur.

« Je n’ai pas réussi à intégrer l’équipe de classe neuf. Est-ce que j’ai abandonné? Non. J’avais une licence YMCA et le samedi matin, je jouais avec mes instructeurs de basketball qui étaient là et on faisait des matchs après ça. C’est à partir de là que j’ai commencé à progresser. »

En classe dix, Howson a été sélectionné dans l’équipe de basketball. Quand un de ses coéquipiers s’est blessé, il a eu une opportunité de jouer et a tiré profit au maximum de cette opportunité.

À la fin de la saison, Howson était le deuxième meilleur pointeur de l’équipe. En classe 11, il s’est porté volontaire pour jouer centre dans l’équipe. À 6 pieds 2, il était grand, rapide, et il pouvait dominer les autres centres. Il est devenu un All-Star et à aider son équipe à remporter le championnat de l’Ontario.

Après le secondaire, Howson avait reçu des offres pour jouer au basketball aux États-Unis.

« J’avais reçu des offres pour jouer à Bowling Green, Canisius et d’autres universités. J’avais également reçu des offres pour l’athlétisme. J’étais sur le point d’en accepter une car je ne pouvais pas me permettre de payer mes frais de scolarité au Canada, mais un ancien de Western m’a proposé de payer mes frais de scolarité pour que je puisse rester à London et jouer à Western. »

À Western, Howson était entraîné par deux légendes du monde des entraîneurs, Jack Fairs et John Metras. L’équipe a remporté deux championnats de l’association sportive Ontario-Québec (OQAA) quand Howson jouait pour Western.

Après l’université, Howson jouait pour les Dow Kings de Toronto, qui ont remporté le championnat masculin senior de basketball 1963-1964. Le comité olympique canadien (COC) avait décidé de ne pas envoyer d’équipe de basketball aux Jeux olympiques de 1964 mais avait dit à l’équipe Dow Kings qu’elle pouvait participer à un tournoi de qualification olympique au Japon à leurs frais. Si l’équipe se qualifiait, elle représenterait le Canada.

Lors du tournoi de qualification, 12 équipes jouaient pour tenter de prendre l’une des deux places qualificatives. Le Canada a remporté 7 matchs et n’en a perdu que 2, ce qui n’était pas suffisant pour se qualifier pour les Jeux olympiques, mais la chance leur a souri. Deux autres pays ont décliné leur participation aux Jeux olympiques et le Canada a reçu l’une de ces places.

Le Canada a participé au tournoi de basketball des Jeux olympiques de 1964, et Howson est devenu le premier joueur noir à représenter le Canada à un événement de basketball olympique. 

L’équipe a fini avec un bilan de 1 victoire et 8 défaites aux Jeux olympiques de Tokyo, mais pour Howson, c’était une expérience qu’il n’oubliera jamais. Il a encore son chandail des Jeux olympiques de 1964.

Soixante ans après les Jeux olympiques de Tokyo, Howson dit qu’il n’a jamais trop pensé au fait qu’il est devenu la première personne noire à jouer au basketball pour le Canada; il était simplement heureux de jouer au basketball.

« Mon slogan c’est donner tout ce que tu peux et travaille dur. » Des leçons qu’il a apprises de sa mère Christine.

Et regardez où cela l’a mené, à une place dans l’histoire du basketball canadien.