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« Ce voyage n’a pas de date de péremption » : les rêves de basket de Tammy Sutton-Brown

Black History Month

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16/2/2022

La championne WNBA 2012 Tammy Sutton-Brown se souvient que sa mère avait dit « non » à sa fille aînée quand celle-ci voulait se mettre à la natation en compétition.

« La natation était ma première passion. Je nageais avec les nageurs les plus rapides dans la piscine olympique, » se souvient-elle. « Mais ma mère ne pensait pas qu’une enfant de 10 ans devait se lever tôt le matin avant l’école pour s’entraîner, » dit-elle en riant. « Elle voulait que je profite de ma vie d’enfant ».

Peut-être que le Canada n’a jamais pu voir Sutton-Brown nager le 200m papillon aux Jeux olympiques mais le Canada l’a bien vu devenir deux fois All-Star WNBA, et passer plusieurs années au sein des programmes de l’équipe nationale féminine – des Juniors aux Seniors – et elle a aussi fait partie de l’équipe féminine Olympique de basketball qui a participé aux Jeux olympiques de Sydney 2000.

Le Canada n’a pas vu non plus Sutton-Brown devenir championne des ligues professionnelles de Corée du Sud (2004) et de Turquie (2007-2011).

Ayant grandi à Markham en Ontario, Sutton-Brown a commencé à jouer au basket en club à la ligue de Markham Unionville Minor Basketball Association (MUMBA). Elle se souvient avoir environ 13 ans – elle était plus grande que la plupart des enfants même à l’époque – et elle jouait tous les samedis.

 « Ma sœur et moi avons pratiqué beaucoup de sports, mais nous avons aussi fait du piano, » explique l’ancienne centre de 44 ans. « Nos parents nous permettaient de tout faire et de tout voir. »

« Je suis tombée amoureuse de la balle. »

Je comprends ça. J’avais à peu près le même âge quand le basket est entré dans ma vie ; mais je vivais à Montréal au Québec.

C’était ma première année de secondaire et notre professeur de sport, qui était aussi l’entraîneur de basket, m’a encouragé à faire un essai pour rejoindre l’équipe. Je n’avais jamais joué avant. Ma famille d’immigrants afro-caribéenne s’est sentie insultée quand il a présumé que j’étais douée en sport. Ils ne m’ont pas laissé faire un essai pour rejoindre l’équipe avant l’année suivante, après avoir eu des bonnes notes à l’école.

À l’époque, je ne savais pas du tout jusqu’où le basketball me mènerait, mais c’est devenu une obsession, et j’ai fait ce que la plupart des joueurs de basket font – jouer à l’école, dans les ligues d’été, les clubs, les camps, etc.

Je ne savais pas que six ans plus tard, j’allais voir le talent de Tammy Sutton-Brown sur le terrain pendant un bref moment. Je l’expliquerai un peu plus tard.

Dans la plupart des entrevues sur son introduction au basketball, Sutton Brown parle toujours de son entraîneur au secondaire, George Kraus.

Il l’a vu « jouer pour s’amuser », comme il le dit dans la ligue MUMBA et l’a convaincu d’aller à Markham District High où il dirigeait un programme de basketball excellent.

« Nous étions vraiment très bons, » se souvient-elle. « Et ce pendant longtemps. »

Coach Kraus a aidé Sutton-Brown et ses coéquipières à comprendre le potentiel du basketball en termes de compétition, d’éducation mais aussi pour bâtir les expériences de la vie.

Elle a commencé à jouer pendant le weekend, puis à jouer au sein de la ligue, et enfin des tournois complets. L’équipe était à Queen’s University un weekend, puis à McMaster’s le weekend suivant, a-t-elle dit. « C’était la première fois que je me déplaçais autant. »

Puis son parcours a vraiment commencé à s’élargir quand les lettres de recrutements des universités américaines ont commencé à arriver. Elle a fini par choisir Rutgers University dans le New Jersey, où elle a joué de 1997 à 2001. Elle a eu un tel impact sur le programme qu’elle a été intronisée au Temple de la Renommée du programme en 2013.

J’ai rencontré Tammy Sutton-Brown seulement un an avant qu’elle prenne cette décision importante. C’était pendant l’été de l’année 1996. Je vivais à Montréal mais j’avais passé l’été à Toronto pour chercher à m’entraîner avant d’aller à l’université d’Ottawa pour devenir une Gee-Gee cet automne-là.

Le fait saillant de cet été – comprendre moment très ridicule – pendant ces quelques semaines, était un déplacement de notre équipe, toutes les sept, pour participer à un tournoi dans l’Indiana. (Bon présage pour Tammy Sutton-Brown qui a fini sa carrière de 12 saisons en WNBA avec le Fever avec qui elle a remporté un titre de championnat.)

« Je me souviens d’avoir pris la voiture pour y aller, » a dit Sutton-Brown. « Nous étions six dans un van pendant très longtemps. »

Elle se souvient que nous avons joué un tournoi, environ 2-3 matchs et que notre entraîneur nous avait dit qu’il y aurait des recruteurs des programmes américains. Je m’en souviens aussi. Mais je me souviens aussi que nous avions toutes dormi dans la même chambre d’hôtel et qu’après une courte visite à Chicago – qui était tout près du tournoi – nous sommes allées dîner avec l’équipe nationale junior américaine sur un bateau.

Ça devrait être un bon souvenir, n’est-ce pas ? Sauf que nous n’étions pas au courant du dîner et que nous portions des baskets et des t-shirts alors que les Américaines portaient des vêtements plutôt officiels.

Le jour suivant lors du tournoi, nous avons joué contre cette équipe américaine, qui étaient toutes destinées à jouer en NCAA Division 1. Il va sans dire que c’était un match à sen unique.

« Oh ! » s’est exclamée Sutton-Brown quand elle s’en est souvenue. « J’imagine qu’il y a une raison pour laquelle j’avais effacé ce souvenir de ma mémoire ». Je me souviendrai toujours du rire bruyant de Sutton-Brown.

Je me souviens aussi de son talent ; joueuse de 6 pieds 4 pouces, qui coupait dans la raquette pour mettre sa défenseuse derrière le dos en poste bas, avec un bras levé, les doigts écartés pour demander le ballon. On lui donnait la balle et elle marquait le panier.

Elle reconnaît que ses parents faisaient du sport en Jamaïque. Sa mère faisait du netball – une version britannique du basket sans dribble et sans la planche – alors que son père faisait de l’athlétisme.

« Les gens peuvent dire, elle tient ça d’eux. » ‘ça’ étant son talent de sportive – rappelez-vous qu’elle aurait pu être une nageuse olympique. « Mais il faut travailler…cela demande énormément d’efforts. » Shea ajoute aussi « surtout pour les filles, car elles arrêtent le sport en général en école élémentaire. »

Avant de rencontrer George Kraus, elle pensait aller dans une école où il n’y avait pas d’équipe féminine de basketball.

Il n’est pas surprenant en regardant son compte Instagram de voir une publication célébrant la journée nationale des filles et des femmes dans le sport, un peu plus tôt dans le mois. Pour elle, cela doit être célébré tous les jours.

Quand Tammy Sutton-Brown est partie pour rejoindre Rutgers en 1997, la WNBA venait de débuter sa première saison. Elle se souvient de l’excitation – pratiquement toutes les filles jouaient au basket – du potentiel d’avoir une carrière après l’université.

L’année dernière, la ligue professionnelle fêtait ses 25 ans, qui a commencé avec huit équipes. Il y en a 12 à présent.

Un lien plus fort a été créé avec la NBA, ce qui a abouti à plus de promotions entre les deux organisations. On peut regarder les matchs féminins à la télé et plus de joueuses restent impliquées dans la profession après leur carrière de joueuse. Aussi, certaines rejoignent les diffuseurs, ou la ligue en tant qu’entraîneuse, alors que d’autres rejoignent le personnel d’entraînement de la ligue masculine.

Tammy Sutton-Brown est une vétéran de la ligue qui a aussi la chance de continuer à être impliquée dans l’environnement du basketball professionnel. Elle a pris sa retraite de joueuse il y a 10 ans, quand « ...ce n’était plus drôle de se lever à 5h du matin pour s’entraîner. »

Depuis, elle a publié un livre pour enfants, « Cree et Scooter partent au ski en Colombie Britannique », qui fait la promotion des différentes cultures et des voyages. Aujourd’hui, elle occupe le poste d’Associée des opérations de basketball et de la franchise pour les Raptors 905, le club de G league associé aux Raptors de Toronto.

Elle a dit récemment qu’elle apprend beaucoup dans ce nouveau rôle et qu’elle a la chance d’aider les joueurs dans leur développement.

Dans une autre publication Instagram, on peut voir Tammy Sutton-Brown habillée en noir, en face d’un miroir dans ce qui ressemble à l’entrée d’un hôtel, avec une valise et un sac de voyage.

Sur la légende on peut lire, « Reste calme & continue. Ce voyage n’a pas de date d’expiration ! »